La troisième et avant dernière étape de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire devrait connaître son dénouement aux Sables d’Olonne demain mercredi aux alentours de midi. Pour l’instant, alors que les marins naviguent sous spi à la latitude des Glénan, c’est une course d’orfèvres et de gagne-petit qui se trame. Depuis 50 heures, tout se joue sur des pouillems et sur la capacité à aller vite. Un exercice de précision dans lequel Jérémie Beyou excelle. Le skipper de BPI tient la tête depuis plus de deux jours… mais pour combien de temps ? A moins d’un mille de son bleu sillon, Erwan Tabarly (Nacarat), Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), Thierry Chabagny (Gedimat), Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) et quelques autres, sont lancés à ses trousses et espèrent la mistoufle cette nuit lorsque le vent anticyclonique va basculer au Nord-Est…
Depuis le départ d’Irlande, le contexte météo n’a jamais vraiment ouvert le champ stratégique. Le franchissement au petit matin de la « marque » d’Ouessant par les différents couloirs qu’offraient les îles de la mer d’Iroise, puis le passage dans le raz de Sein, n’ont pas généré de grands chambardements. Malgré les forts courants de marée, le vent est resté suffisant et l’effet « passage à niveau » que les leaders redoutaient n’a pour l’instant pas eu lieu. Dans le peloton des poursuivants, certains ont perdu quelques places (Nicolas Lunven, par exemple), d’autres ont réussi de belles opérations (Erwan Tabarly, Thierry Chabagny, Phil Sharp), mais personne n’a commis le casse du siècle. Les positions ont tendance à bouger entre chaque classement, au gré des changements de marée, des micro placements et des siestes que s’accordent les marins.
Sous spi dans le thermique
Depuis la fin de la matinée en baie d’Audierne, les figaristes ont changé de régime. La brise de mer s’est installée, les spis sont ressortis des bailles et la troupe progresse plus ou moins près des côtes, au largue serré. Sous le soleil enfin retrouvé, les skippers ont quitté leur ciré. Ils profitent de la tiédeur ambiante et d’un vent d’Ouest –Sud-Ouest d’une dizaine de nœuds tout en s’interrogeant sur la suite du programme. Jusqu’au phare des « Barges » (le premier à avoir été automatisé en France) qui surplombe un petit plateau rocheux au large des Sables d’Olonne, ils n’auront plus aucune marque de parcours à respecter. La route, pavée d’îles et d’archipels (avec dans l’ordre d’apparition : les Glénan, Groix, Belle Ile, Yeu) est donc libre. Elle sera donc conditionnée par les fantaisies du vent.
Derniers coups à jouer à 100 milles du finish ?
En fin d’après-midi, la brise de mer va s’essouffler et il y aura tôt ou tard une transition avec une rotation au Nord-Est, induite par la proximité d’un anticyclone. Sous spi, plus ou moins près des côtes, le jeu va-t-il s’ouvrir ? Y aura-t-il d’ultimes coups à faire d’ici les rivages vendéens ? C’est ce que craint Beyou et ce qu’espèrent ses poursuivants. « Ma position de leader est plus facile à tenir au près qu’au portant » confiait le skipper de BPI à la vacation de midi. Déjà, au classement de 16 heures, alors que les vitesses de progression avaient chuté (5,5 nœuds en moyenne), son dauphin Erwan Tabarly (Nacarat) lui avait repris 0,5 milles. La tendance générale était au tassement des positions, les huit premiers concurrents (jusqu’à Nicolas Lunven – Generali) se tenant en moins de 2 milles.