La Solitaire du Figaro 2011 : Beyou dans l’Eire du temps

Jérémie Beyou (BPI) réalise une superbe opération en remportant la deuxième étape de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire : après deux jours et 17 heures de mer et avec plus de 40 minutes d’avance sur le vainqueur de la première étape Fabien Delahaye, le skipper breton fait le break au classement général et prend l’ascendant sur ses concurrents. Nicolas Lunven s’adjuge la deuxième place grâce à une superbe fin de parcours…

A mi-parcours de la 42ème édition, La Solitaire du Figaro prend un nouveau visage car les écarts au classement général cumulé établissent une nouvelle hiérarchie et surtout créent des deltas qui rendent les deux manches suivantes extrêmement ouvertes. Car il reste 905 milles en deux étapes pour départager les 46 solitaires encore en course. Jérémie Beyou (BPI) en s’imposant en Irlande a pris une bonne option sur le podium final ! Le skipper breton déjà vainqueur de trois étapes depuis sa première participation en 1997, sait que statistiquement pour se hisser au plus haut des marches, il vaut mieux grappiller du temps sur chaque manche que de faire un gros coup qui peut faire plonger dans les abysses du classement.

Et ces 440 milles entre Caen et Dún Laoghaire ne permettaient pas vraiment de prendre des chemins de traverse… Assurer, se maintenir dans le paquet leader, marquer un avantage au moment crucial du passage de Land’s End, reprendre l’initiative quand une partie de la flotte partie dans l’Est resurgissait en tête du classement, enfoncer le clou quand la brise faisait virevolter les plus fatigués, voilà les atouts d’un « briscard » de La Solitaire.

La plus dure des manches

Car cette deuxième étape entre Caen et Dún Laoghaire a été probablement l’une des plus dures depuis bien des années : deux jours de près dans vingt nœuds de vent minimum et deux mètres de creux, un passage du raz Blanchard particulièrement délicat contre le courant de marée montante, une traversée de la Manche où les solitaires n’ont pas vraiment pu lâcher la barre, un recadrage tactique au passage de Land’s End et un moment névralgique pour virer en bordure de dorsale… Mais ce déroulé n’était qu’une entrée en matière ! Le plus dur était à venir mardi soir quand la brise a tourné au secteur Sud-Ouest avec l’arrivée d’une nouvelle dépression, à 150 milles de Dún Laoghaire alors que la flotte extrêmement groupée, s’engageait dans la mer Celtique.

Progressivement, la brise a pris des tours atteignant parfois plus de 30 nœuds alors que les solitaires étaient sous grand spinnaker : des surfs à la limite du raisonnable, des départs au tapis, mais surtout une absence totale de repos alors qu’il fallait barrer, régler, surveiller ses adversaires, anticiper sur les bascules du vent, contrôler sa navigation… A ce jeu, Jérémie Beyou (BPI) a superbement maîtrisé le sujet en prenant le commandement dès le passage de la pointe extrême de la Cornouaille et jouant au centre du peloton : il prenait l’ascendant avec trois milles d’avance à l’entrée du canal Saint-Georges, perdait des encablures quand il butait le premier sur le courant de marée descendante, puis reprenait de la marge dans les vingt derniers milles pour terminer avec 19’54 d’avance sur Nicolas Lunven (Generali).

Joli coup tactique !

Ce dernier effectuait une remarquable fin de parcours puisqu’il pointait encore dans le paquet des quinze premiers à deux heures de l’arrivée : en se décalant au large pour terminer, il bénéficiait d’un vent plus stable et plus soutenu, et décrochait un peloton très serré, dix solitaires arrivant en moins d’une demi-heure derrière lui… Car le final était particulièrement incertain à moins d’une heure de l’arrivée puisque les poursuivants se dispersaient qui à terre, qui au large pour tenter de se démarquer. Troisième à Dún Laoghaire, Adrien Hardy (Agir Recouvrement) réussissait en longeant la côte à prendre le dessus sur Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) au large, pour huit petites secondes ! Quant aux suivants, c’était un défilé permanent sur la ligne d’arrivée avec des retournements de situation dans les tout derniers milles. A l’image de Thierry Chabagny (Gedimat) longtemps leader lors de la remontée irlandaise qui finit 5ème, ou du premier bizuth à Dún Laoghaire, Morgan Lagravière (Vendée) qui conclut à une très belle sixième place…

Nicolas Lunven limite donc les dégâts puisqu’il ne concède sur le leader au classement général cumulé que 25’12 (19’54 + 5’18)… Vainqueur de la première étape, Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) rétrograde à la troisième place au général provisoire avec un débours de 30’02 sur Jérémie Beyou (42’30 – 12’28)… Le quatrième Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) est déjà à 39’45 du leader général (37’46 + 1’51). Quant à Morgan Lagravière 12ème au classement général, il est désormais premier bizuth sur les deux premières manches avec 4’12 d’avance sur Xavier Macaire (Starter Active Bridge) et 15’07 sur le Britannique Phil Sharp (The Spirit of Independence).

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